Lévesque éditeur propose quatre titres pour la rentrée littéraire hiver-printemps 2019.

BODY-SCAN-de-Claudine-Potvin-Lévesque-éditeur

Claudine Potvin, Body Scan, nouvelles, coll. « Réverbération ».

En librairie le 5 février.

« La mère disait souvent, en riant, n’avoir que ses seins qui lui appartiennent véritablement. Aussi se faisait-elle une gloire de les afficher. D’une grosseur désarmante, ils se promenaient tels des projectiles, toujours prêts à fendre la lumière du jour et de la nuit. La fille croyait qu’ils avaient une âme, un souffle, et craignait de les voir s’animer au moindre sursaut. Il ne fallait pas les contredire, pensait-elle, car on ne savait jamais quelles vagues ils soulèveraient. »

Avec ce nouveau recueil de nouvelles, Claudine Potvin poursuit son exploration singulière des rapports entre les êtres et le corps comme interface avec le monde. Dans Body Scan, relation incestueuse, découverte des sens dans l’enfance, fascination obsessive, fugue d’adolescente, existences bouleversées par la maladie sont autant de représentations d’attouchements et de cicatrices, de passions et de performances, d’amours et de pertes. L’écriture précise et faussement détachée de l’auteure entraîne le lecteur dans des univers déroutants, mais toujours révélateurs de nos angoisses bien contemporaines.

Professeure émérite de l’Université de l’Alberta et membre de la Société royale du Canada, Claudine Potvin a codirigé plusieurs ouvrages collectifs et publié une quarantaine de nouvelles dans diverses revues littéraires. Elle est aussi l’auteure de trois recueils de nouvelles — Détails, Pornographies, Tatouages —, d’un roman, Le sexe de Fidel, et d’un essai paru récemment, Clins d’œil de la littérature au musée : femmes, art et écriture.

BRECHES-de-Charlotte-Gingras -Lévesque-éditeur-

Charlotte Gingras, Brèches, coll. « Carnets d’écrivains » (format compact).

En librairie le 26 février.

Une femme se raconte par bribes, avec le rythme lent du tai-chi dont les postures aux noms évocateurs ponctuent le récit. Par petites touches tantôt lumineuses, tantôt sombres se dessinent peu à peu les contours d’un milieu familial semblable à tant d’autres, et pourtant… Les réminiscences parfois douces, parfois douloureuses se succèdent : la sœur artiste, adorée et morte tragiquement et trop vite ; l’autre sœur, grave et austère ; la mère fragile et le père désemparé. Au fil de Brèches, c’est une vie faite de petits moments signifiants, drôles et touchants, tout comme de grands drames universels, qui se déroule sous nos yeux. Ici, l’enfance est dépeinte telle une période fondatrice dont on ne peut jamais tout à fait s’affranchir.

Née à Québec, Charlotte Gingras a fait des études universitaires en pédagogie et en arts plastiques. La romancière, qui écrit notamment pour un lectorat adolescent, est habitée par des thèmes reliés à la solitude, à la fragile construction de l’identité et au désir de liberté. No man’s land, son premier roman destiné à un plus large public, est paru en 2014. Deux fois lauréate du Prix du Gouverneur général du Conseil des arts du Canada littérature jeunesse pour La liberté ? Connais pas… (1999) et Un été de Jade (2000), elle a remporté le Prix du livre jeunesse des Bibliothèques de Montréal en 2009 pour Ophélie et le prix Alvine-Bélisle pour Guerres en 2012.

Louis-Philippe Hébert, Petit chagrin ou Il ne faut pas laisser un être doux jouer avec des couteaux, nouvelles, coll. « Réverbération ».

En librairie le 20 mars.

Louis-Philippe Hébert excelle lorsqu’il s’agit de créer des personnages loufoques et des intrigues insolites. Ce nouvel opus n’échappe pas à la règle. Cette fois, l’auteur prolifique nous ramène à une certaine époque où les cirques ambulants, les fêtes foraines et les spectacles au goût douteux faisaient inévitablement surgir le monstre tapi en chacun de nous. Ainsi, un garçon pur devient lanceur de couteau après avoir fréquenté un délinquant ; une femme apparemment anorexique se met à enfler sous les yeux ébahis de voyeurs impénitents ; un jeune se souvient du clown maléfique qui le persécutait, caché derrière un gros nez rouge ; un homme entre dans une auberge, flanqué d’une petite chose moitié humaine moitié animale qui le suit à son insu juste pour lui rappeler le passé. Le malaise est là, sournois, à chaque page, mais on ne peut s’empêcher de suivre Hébert dans ce dédale fascinant où tous finissent par croiser leur propre Minotaure.

Louis-Philippe Hébert a écrit une trentaine de livres dont plusieurs ont été traduits en différentes langues (anglais, azerbaïdjanais, espagnol, roumain, russe). Parmi ses titres les plus récents, Marie réparatrice a remporté le Prix du Gouverneur général du Conseil des arts du Canada (2015), Vieillir le premier Prix du Festival de la poésie de Montréal (2012) et Le livre des plages le Grand Prix Québecor du Festival international de la poésie de Trois-Rivières (2008). Louis-Philippe Hébert s’est vu décerner le prix du CALQ-Créateur de l’année 2016 dans les Laurentides. Son ouvrage le plus récent, Un homme discret, a été publié en 2017 chez Lévesque éditeur.

Maude Deschênes-Pradet, Habiter l’imaginaire. Pour une géocritique les lieux inventés, essai, coll. « Réflexion ».

En librairie le 9 avril.

Cette étude consacrée aux littératures de l’imaginaire au Québec emprunte la voix de la géocritique, soit l’analyse de la représentation des lieux. Si l’époque contemporaine se caractérise, entre autres, par une perte de repères spatio-temporels et un sentiment de fragmentation, il y a fort à parier que les œuvres de fiction traduisent ce vécu bien contemporain. Aussi, dans un essai à la fois savant et accessible, Maude Deschênes-Pradet postule-t-elle que même les lieux inventés de la fiction ont quelque chose à révéler sur notre rapport à l’espace et au lieu. Certes, les littératures de l’imaginaire se doivent de créer leur propre atlas, mais comment s’articulerait une géocritique des lieux inventés, alors que cette approche a été conçue d’abord et avant tout pour rendre compte de lieux transfigurés par la fiction, certes, mais bien réels ? Pour répondre à cette question, l’auteure remonte aux sources du littéraire, en particulier dans le contexte du tournant spatial qui a influencé les études littéraires depuis deux décennies. Elle se penche ensuite sur des œuvres emblématiques telles que Récits de Médilhault d’Anne Legault, Les Baldwin de Serge Lamothe, L’aigle des profondeurs d’Esther Rochon et Hôtel Olympia d’Élisabeth Vonarburg.

Maude Deschênes-Pradet est née à Québec. Elle est écrivaine, chargée de cours en création littéraire et professeure de yoga. Elle a publié deux romans, La corbeille d’Alice (finaliste au prix Senghor du premier roman francophone et francophile 2014) et Hivernages (finaliste au prix Horizons imaginaires 2019). Elle a obtenu un doctorat en littérature et création de l’Université de Sherbrooke pour sa thèse portant sur les lieux inventés.