Noirs horizons

Noirs horizons
Noirs horizons

Dire que les personnages que dépeint Gastón Sironi évoluent dans un univers sombre relève de l’euphémisme. Dans ce recueil de nouvelles, partagé en deux parties (« Noirs et Horizons »), les villes de Buenos Aires ou de Córdoba sont le théâtre de mises à mort sanglantes (« Il n’y a pas d’avenir à Tulumba »), de conflits commerciaux et raciaux mortels (« On chante toujours ») et d’exécutions commanditées (« Petits boulots »). En prenant le parti de suivre les tueurs à gage responsables des crimes qui obscurcissent la ville, Gastón Sironi humanise ceux-ci, nous rappelant finalement que si « Román Irico était une fine gachette », il est aussi un homme comme les autres, voire comme nous autres.

Malgré le portrait assez sinistre que dresse Gastón Sironi de ses semblables, on ne peut s’empêcher de constater que ses nouvelles font état d’un certain équilibre. En effet, si les tueurs réussissent parfois leur coup, il se peut qu’ils tombent, eux aussi, sous les balles ennemies, pendant que d’autres luttent pour un monde plus juste (« Match retour »). Les nouvelles que l’auteur situe en dehors de la ville, celles qui échappent aux frontières étouffantes des rues bruyantes, montrent un univers tout aussi tordu. La mort rôde, les vies se font et se défont (« Sur fond de pluie »), les familles s’aiment et se déchirent (« Les dimanches »), et le fantastique fait irruption dans le réel (« Souvenirs étrangers »).

Grâce à une mise en scène exceptionnelle du corps, Gastón Sironi parvient à rendre, en quelques mots, les couleurs et les odeurs d’une humanité près de (ou dans) la folie. Les hommes et les femmes ne sont ici que des feuilles portées par le vent, des êtres tristes, victimes d’un quotidien dont personne ne sort indemne. Et pourtant, malgré leur dureté, les nouvelles de Noirs horizons sont teintées d’une étrange beauté, un peu à l’image des tableaux d’Edvard Munch. Entre la mort et la douleur, il y a, malgré tout, la vie.

Gastón Sironi est né à Córdoba, en Argentine, en 1967. Poète et nouvelliste, il écrit également des chansons, et a traduit en espagnol plusieurs auteurs tels Francis Scott Fitzgerald, Marguerite Duras ou Bernard-Marie Koltès. En 2007, il a créé Viento de Fondo, où il publie des livres-objets et des disques. Outre ses nombreuses participations à différents événements collectifs, il a été lauréat de plusieurs prix littéraires, tant pour son œuvre poétique que pour son travail de traducteur et d’éditeur. Noirs horizons est la première traduction française de ses œuvres.

NOIRS HORIZONS

nouvelles de Gastón Sironi

Traduit de l’espagnol (Argentine) par Antoine-Olivier Raymond


76 pages, 12,95 $, ISBN 978-2-89502-229-9
Aussi disponible en versions numériques

En librairie à compter du 10 octobre 2012