En ce jeudi 16 octobre, le Festival de Jazz de Québec pour sa 7e édition a lancé avec brio ses concerts en la grande salle du Capitole. Faisant suite à l’immense succès du concert des Grands Québécois du jazz de l’an dernier, Gino Ste-Marie, le directeur et Simon Couillard, responsable de la programmation, ont choisi de lancer le festival avec ce magistral et magnifique concert cette année. Comme l’an dernier, la responsabilité musicale de la soirée était assurée par Rémi Bolduc, grand saxophoniste de Montréal.
Réunissant sur une même scène, « la crème de la crème » des musiciens du Québec, (de Montréal et de Québec), tel que l’a affirmé à juste titre par Stanley Péan, le brillant animateur et présentateur de la soirée musicale ; le public a eu droit à un concert tout simplement mémorable. Durant plus de deux heures, 35 musiciens importants de la scène jazzistique du Québec ont comblé de bonheur les amateurs de musique de jazz. Il y en avait pour tous les goûts avec des musiciens et musiciennes de toutes les générations. D’heureuses rencontres et des moments musicaux formidables se sont produits. Rien de moins !
En débutant, le fameux poète et musicien Raôul Duguay, président d’honneur du festival de jazz de cette année a ouvert « le bal » avec poésie, musique et humour comme seul, il sait le faire. Soufflant dans son bugle et accompagné par la pianiste Lorraine Desmarais et le batteur Jim Doxas, Duguay nous a surpris et enchanté. Une histoire à suivre avec lui et trois musiciens en concert cette semaine. Par la suite, on a eu droit à une prestation de piano solo par Jérôme Beaulieu, révélation 2013-2014 de Radio-Canada en jazz. Superbes moments suivis par une deuxième composition du jeune pianiste en compagnie de Michel Donato à la contrebasse et Jim Doxas, à la batterie. On a pu constater que le jazz québécois a une relève de grande qualité !
Le grand compositeur et contrebassiste Norman Guilbeault continuait la soirée avec six musiciens dont trois cuivres. Il nous présentait un extrait de son hommage à Mingus, grande figure du jazz américain des années 60 et 70. Quels sons, quels solos, spectaculaires et inspirés tout simplement. De grands moments encore une fois ! Par la suite, le pianiste François Bourassa en quartet nous a offert deux pièces de ses créations. Merveilleux pianiste ce Bourassa, entouré d’excellents musiciens dont le saxophoniste André Leroux qui a brillé dans quelques solos.
La soirée continue avec un invité rare, soit le bassiste Alain Caron qui nous a présenté des pièces en partie au caractère de jazz fusion. L’ensemble de Caron de neuf musiciens comprenait, entre autres, cinq cuivres dont trois saxophonistes qui nous ébloui dans leurs solos des plus virtuoses et des plus créatifs. Et en fin de première partie, la réputée, talentueuse et sympathique Suzie Arioli nous a interprété deux chansons avec la formation des trois D : Michel Donato, à la contrebasse; Jim Doxas à la batterie et elle-même. Suzie Arioli, très en voix et très inspirée, nous a grandement impressionné et ému aussi. Elle est venue conclure magnifiquement cette première partie.
Par la suite, une formation de Montréal avec Wray Downes, un pianiste de grand talent, en trio, nous ont offert deux belles compositions : une fort douce et une plus rythmée. Puis, Stanley Péan avec humour nous a rappelé les rivalités au hockey entre les Canadiens et les Nordiques. Anecdote coquine pour nous présenter une formation brillante de six profs de jazz enseignant aux universités McGill et Laval. Superbes solos de ces formidables musiciens qui forment la relève en jazz. Et Stanley Péan nous souligne qu’au Québec, un musicien sur deux sortant de nos universités est diplômé en jazz.
Suivra un autre ensemble de Montréal avec le spectaculaire organiste Dan Thouin, entre autres, et le guitariste Ben Charest. Éblouissants et moments forts avec ces musiciens en trio. Et les trois D reviennent, soit Lorraine Desmarais, Michel Donato et Jim Doxas. Lorraine Desmarais va faire montre musicalement d’une très grande musicalité et d’une virtuosité remarquables. Elle va entraîner dans cet esprit Donato et Doxas également.
Un moment touchant sera l’hommage rendu à Gérard Hébert, grand pianiste autodidacte ayant animé en jazz les soirées de Québec durant les années 60 et 70. Il a accompagné de grands artistes également : Piaf, Aznavour, Ginette Reno. De plus, il a permis à de jeunes musiciens de débuter en jouant avec lui. Il a fait école et marqué Québec. Or, six excellents musiciens de Québec dont les saxophonistes Michel Côté et Alain Boies ont joué brillamment trois pièces, musiques de cette époque.
Une grande surprise finale nous attendait. Comme l’a dit Stanley Péan, on ne pouvait faire un concert des grands Québécois du jazz sans inviter le pianiste Oliver Jones. Il est venu conclure de façon magistrale la soirée. En compagnie du bassiste Michel Donato et du batteur Jim Doxas, il a nous a offert une pièce aux accents de blues jazzé. Mais quelle présence il a et quelle virtuosité il affiche. Incroyable pour ce grand monsieur qui aura 80 ans l’an prochain. C’est un prodige de vitalité, de présence et de créativité musicale. Quelle magnifique conclusion à cette soirée mémorable !
Une mention ! Le concert a terminé à 22 h 15 mais les spectateurs étaient invités à poursuivre la soirée plus tard avec la présentation de l’ensemble de Normand Guilbeault dans son hommage à Charles Mingus.
A l’issue du concert, Gino Ste-Marie a remis avec émotion le prix Gérard Hébert au contrebassiste Michel Donato qui célèbre cette année 54 ans de carrière.
En terminant, mentionnons la qualité sonore de cette soirée et la beauté et la sobriété des éclairages. Les techniciens en poste ont fait un travail formidable de grande qualité. Notez que le photographe Peter Marcoux propose une galerie de photos du concert sur son site.
Soulignons que le Festival de Jazz de Québec se poursuit jusqu’au dimanche 27 octobre. Un festival formidable offrant 80 spectacles dans 20 lieux de spectacles.
Crédit-photos: Peter Marcoux
