Electronic City

Electronic City
Electronic City

Vous avez jusqu’au 1er mars pour vivre l’expérience Electronic City, une pièce présentée par la compagnie TectoniK_  au théâtre Périscope de Québec.  Cette œuvre multi propose une interprétation en direct de l’univers sonore du spectacle par son concepteur, Uberko, les 14, 22 février et le 1er mars.  Aussi, les 20, 21, 22 février, une chorégraphie conçue et interprétée par Fabien Piché et Ariane Voineau réchauffera les planches en première partie. Comme si ce n’était pas assez, une exposition signée Justin Roy nous accueille d’entrée de jeu dans le hall du Périscope. Electronic City est un spectacle hybride où la beauté et le message dans l’art se métissent.

Tom et Joy sont perdus et plus seuls que jamais dans un univers brouillé par les ondes, dans une ère où on compte sur la télécommunication pour créer des rapports humains. Mais où sont les humains? Les vrais? Tom et Joy tentent désespérément de se croiser, de s’aimer, entre deux voyages, deux vies, deux réseaux. Deux personnes identiques au reste du monde, et qui ne se distinguent,  qui n’existent que par des codes, des numéros. Des chiffres pour tout, des chiffres pour chaque carte d’identité, chaque compte, chaque téléphone, chaque maison, chaque billet… Tom et Joy, sous le joug de l’économie et du système informatique, victimes de la technologie, des protocoles bureaucratiques, de l’empressement général à accéder au succès… Tom et Joy se matérialisent et ils s’insèrent dans la foule d’automates qui doivent se souvenir de leurs codes pour continuer.

Tom et Joy
Tom et Joy

Tout l’intérêt d’Electronic City réside non seulement dans le texte d’anticipation, rare au théâtre, de Falk Richter, mais aussi dans une mise en scène moderne, à la fois épurée et complexe. Jocelyn Pelletier, le metteur en scène, s’éclate et présente des retailles de trois histoires empilées, superposées : celle de Tom, de Joy et celle d’un tournage du film de la vie de Tom et Joy. Cette mise en abîme ajoute une touche d’humour et de légèreté au texte plutôt négatif, presque dystopique. Les tableaux se succèdent, se chevauchent, passant d’une histoire à une autre sans préavis, sans frontière claire entre les univers. Electonic City raconte l’histoire de Tom et Joy parce qu’il faut mettre un nom à un personnage. Mais en fait, c’est notre histoire, à vous comme à moi, que le texte de Richter met de l’avant. Jocelyn Pelletier va encore plus loin dans l’homogénéisation de l’humain et donne le rôle de Joy à quatre actrices et celui de Tom à quatre acteurs, qui jouent aussi les techniciens du tournage. Les rôles ne sont pas définis nettement, mais le tout s’insère très bien dans le montage éclectique de ce spectacle.

La pièce, tant dans la mise en scène que dans le texte, l’éclairage ou la musique, se veut entière, rythmée et dynamique. Malgré toutes les possibles confusions, le spectateur suit étonnamment, même si quelques doutes persistent et si toutes les subtilités ne sont pas perçues. Quelques accrocs dans le texte plus tard, les huit acteurs sont applaudis pour leur synchronisme, leur rigueur et le spectacle en général est apprécié pour son audace, pour ne pas avoir versé dans la facilité.

Texte : Falk Richter

Mise en scène : Jocelyn Pelletier

Assistance à la mise en scène : Laurence Moisan-Bédard

Traduction : Anne Monfort

Distribution : Gabriel Fournier, Jean-René Moisan, Jean-Michel Déry, Eliot Laprise, Alexandrine Warren, Joanie Lehoux, Alexa-Jeanne Dubé, Noémie O’Farrell

Conception : Marie-Renée Bourget Harvey, Jeff Labbé, Uberko

Crédit photos : www.stephbourgeois.com

Site du théâtre Périscope: www.theatreperiscope.qc.ca