Entrevue avec les artisans du film Henri Henri qui prend l’affiche le 7 novembre prochain!

Marcel Sabourin dans le film Henri Henri
Marcel Sabourin dans le film Henri Henri

Avec l’arrivée en salle, le 7 novembre prochain, du très lumineux film Henri Henri de Martin Talbot, mettant en vedette Victor Andrés Trelles Turgeon, Sophie Desmarais et Marcel Sabourin, les artisans de ce long métrage sont venus à Québec pour en parler et assister à l’avant-première du film.

Résumé

Orphelin oublié de tous, timide et effacé, Henri entretient les lampes et luminaires du couvent où il vit depuis sa plus tendre enfance. Forcé un jour de quitter les murs protecteurs de l’institution, le jeune homme est soudain projeté dans un univers qui lui est étranger. Porté par une innocence candide, il va tenter de tirer de la noirceur les gens qui, comme lui, sont isolés. Il va surtout chercher à rallumer la flamme dans le cœur d’Hélène, la belle guichetière, celle qui vit dans un monde noir et sans lumière dont il est secrètement amoureux.

Mon appréciation du film est disponible ici :  https://info-culture.biz/2014/11/06/henri-henri-ou-la-joie-de-vivre-la-candeur-et-lespoir-sont-au-rendez-vous-a-voir/#.VFxCQTSG-So

Voici mes entrevues avec les artisans de ce magnifique film, Victor Andrés Trelles Turgeon, Marcel Sabourin, le producteur Christian Larouche et le scénariste et réalisateur du film Martin Talbot.

Questions pour Martin Talbot

Martin Talbot, scénariste réalisateur
Martin Talbot, scénariste réalisateur

Depuis quatre ans déjà, Martin Talbot est à la barre de la série familiale Les Parent diffusée à Radio-Canada en plus d’avoir réalisé des documentaires et des courts-métrages de fiction.

Comment vous est venue l’idée de ce film et pourquoi en avoir fait un conte ?

« J’avais vu un documentaire qui se passait autour de la place Ville-Marie à Montréal. Un des personnages dans le documentaire s’occupait de changer les ampoules et d’entretenir la nuit, les luminaires dans l’édifice. J’aime beaucoup travailler par allégorie et métaphore et je trouvais ça vraiment intéressant un personnage comme ça qui s’occupe de mettre de la lumière dans la vie des gens, mais que personne ne connait ni ne voit, donc qui reste dans l’ombre. Cela a donc été le point de départ d’Henri Henri. J’ai voulu développer une histoire autour de ce personnage qui, lui, restait toujours en retrait, mais qui réussissait à rallumer quelque chose d’éteint chez les gens. Évidemment, pourquoi un conte? Alors je pense qu’il n’y a rien de plus magique, de plus proche de la fable qu’une histoire comme ça. »

Comment s’est fait le choix pour le personnage principal d’Henri? Quels étaient les critères ou qualités que vous recherchiez? « Victor Andrés Trelles Turgeon, je l’ai choisi lors des auditions. La journée des auditions, il ne pouvait pas de présenter, car il avait un tournage, mais il a insisté pour m’envoyer un ‘self-tape’ (un vidéo de lui-même tourné chez lui). J’ai visionné son vidéo avant de voir les auditions des autres candidats. Et tout de suite j’ai eu un coup de cœur. Il y a quelque chose de très présent chez lui. Toute la douceur que je cherchais se retrouvait chez lui. Et il avait un jeu physique très fort (expressions du visage par exemple). J’ai quand même passé tous les autres en audition. Puis Victor est venu pour la deuxième audition et c’est lui finalement que j’ai pris. »

Et pour le reste de la distribution, vous les avez choisis comment et pourquoi Sophie Desmarais et Marcel Sabourin? « Sophie je l’ai choisi en audition aussi. Et quand je l’ai choisi, on l’avait moins vu au cinéma à ce moment-là. C’était à la veille de partir pour Cannes pour Sarah préfère la course. Et encore une fois, j’ai eu un coup de cœur pour elle. Tandis que pour Marcel Sabourin, je travaille avec lui depuis 5 ans sur la série Les Parents. Pendant que j’écrivais le rôle de M. Binot, je pensais déjà à Marcel, donc c’est un rôle que je lui ai offert. » 

Parlez-moi donc un peu justement de ce rôle de M. Binot et des fameux cornichons Binot ? « Il est un vieux bonhomme bourru qui habite dans un manoir décrépit au fin fond d’un champ. Il vit seul et il essaie d’écrire ses mémoires, avant de disparaitre à jamais. Il est un ancien industriel dont la compagnie faisait des cornichons et qui a fait faillite depuis. Henri va aller changer des ampoules chez M. Binot et en voyant que M. Binot est passablement éteint, il va essayer de le rallumer, de le ramener à la vie. »

Quels étaient les défis pour vous dans ce film? « Honnêtement, je n’y ai trouvé que du plaisir à faire ce film. C’est sûr que faire un film, c’est rendu presque un exploit au Québec, car évidemment ça prend beaucoup d’argent et des subventions. Alors quand le producteur Christian Larouche a lu mon scénario et qu’il a voulu le produire, je dois dire que c’est grâce à lui qu’on a réussi à faire le film que j’avais en tête. Mais des défis, non je n’en ai pas eu. Je savais vraiment ce que je voulais et j’ai eu le producteur à mes côtés pour me donner les opportunités de faire ce film comme je le voulais. » 

Le film a été présenté à quelques endroits déjà, par exemple jeudi dernier en première mondiale lors de la soirée de fermeture du Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue… Quelles sont les réactions du public à date? « C’est au-delà de mes espérances. Quand on fait un film, on espère que tout le monde va l’aimer évidemment. Dans la salle, les gens réagissent vraiment bien. Pour moi, c’est un drame et une comédie ce film-là et les gens sont touchés et ils rient en même temps. C’est ça que je voulais créer et j’ai atteint ce but et pour moi c’est un grand bonheur. On était à Rouyn-Noranda jeudi passé et on a eu une ovation à la fin, et j’étais vraiment touché. »

Que diriez-vous aux gens pour les inciter à aller le voir? « Un samedi matin tu te lèves et tu veux oublier tes tracas de la semaine, alors tu peux aller voir ce film et en ressortir le cœur léger et te dire que la vie vaut la peine d’être vécue. »

Questions pour Victor Andrés Trelles Turgeon

Victor Andrés Trelles Turgeon dans le rôle d'Henri
Victor Andrés Trelles Turgeon dans le rôle d’Henri

Né au Pérou, Victor Andrés Trelles Turgeon arrive au Canada à un très jeune âge.

Parlez-moi de votre personnage, comment le voyez-vous ?« Quand on pense à Henri et à ce qu’il dégage, on pense beaucoup à une personne lumineuse, avec beaucoup d’espoir et qui transmet cet espoir. Je vois Henri comme quelqu’un qui a beaucoup souffert dans la vie. Et qui a trouvé un mécanisme de défense pour continuer et aller de l’avant dans la vie. Et ce mécanisme de défense est : La joie de vivre, l’innocence et la candeur. »

Qu’est-ce qui vous plaisait dans ce rôle? « Quand j’ai lu le scénario, je me suis dit que je ne voulais pas passer à côté de ce rôle-là. Initialement, le rôle et le personnage était plus comique et j’avais envie de ce contre-emploi pour moi de jouer un rôle plus comique, plus caricatural. Mais au fil du temps, le rôle s’est transformé et il est moins comique, plus humain et plus vrai et c’est tout aussi intéressant à jouer par contre. Ensuite, j’ai vu dans le scénario, l’univers que Martin voulait créer et cela me fascinait et je voulais y participer. Et ce personnage d’Henri, je voulais le connaitre plus en profondeur. Donc, je sentais que j’étais appelé à le jouer. »

Quel a été le grand défi pour vous ?« Honnêtement, c’est peut-être étrange à dire, mais Henri est très proche de moi. Et cette proximité-là a fait que cela a été dur pour moi de trouver comment le jouer comme il faut. Je n’aime pas tant que cela, de jouer moi-même. J’aime jouer des personnages qui se décalent de moi et que je peux avoir une barrière par rapport à moi-même. Je suis relativement introverti et réservé dans la vie. Aussi, il fallait que je dose pour ne pas trop accentuer la caricature, ou au contraire trop le rendre intelligent. Il fallait trouver le juste milieu. Martin m’a bien guidé là-dedans. »

Comment c’était de travailler avec Martin comme réalisateur? « Martin c’est un être humain qui est ‘laid-back’, vraiment relax. Il est agréable à travailler. Il n’y a rien qui va le bousculer, le stresser. Il s’ajuste à ce qui se passe autour de lui et il va quand même réussir à avoir ce qu’il veut en s’ajustant et en ne brusquant pas les gens. En plus, il a une personnalité très joviale et il est très contagieux de son plaisir et sa joie de vivre. Sur le plateau, ça s’est propagé sur toute l’équipe. En fait, je dirais que même si Henri me ressemble beaucoup, je pense qu’il ressemble beaucoup à la personnalité de Martin. Martin est lui-même un porteur d’espoir et de joie de vivre. »

Question pour Marcel Sabourin

Marcel Sabourin dans le rôle de M. Binot
Marcel Sabourin dans le rôle de M. Binot

Parlez-moi de votre personnage, comment le voyez-vous?« Mon personnage représente bien la génération dont je fais partie. Le personnage de Binot est celui d’un vieux croulant qui a fait de l’argent avec ses cornichons Binot et il en est bien fier. Et la recette de son succès de cornichons est terriblement importante, et il trouve cela primordial que ça se continue ainsi et que la recette ne se perde pas. Et en dedans de lui, il est certain qu’il se doit de léguer quelque chose aux prochaines générations, dont ses mémoires. De plus, au contact d’Henri, mon personnage va découvrir la fraternité, comment tendre la main à ceux qui suivent. » 

 Et c’était comment de jouer avec Victor? C’était votre premier film ensemble ? « Cela a été très agréable. Il est un très bon acteur, plein d’humour et de gentillesse. Vous savez, jouer ensemble au cinéma ou à la télé ou encore au théâtre, c’est un peu comme une partie de tennis. Si l’un ne te lance pas ta réplique dans le bon rythme, tu ne peux pas lancer la tienne dans le bon rythme. Tout le monde est donc invité à jouer dans un tennis qui n’est pas compétitif et à renvoyer la balle tout le temps. Et c’est comme ça qu’on s’amuse et qu’on réussit à créer une belle complicité entre deux comédiens. »

Comment c’était de travailler avec Martin comme réalisateur? C’était son premier film de fiction et il vous a proposé le rôle de M. Binot car il vous connaît bien et aime votre travail dans la série télé les parents (dont il est le réalisateur). « Martin et moi, on se connaît très bien, si bien que lorsqu’il m’a demandé de jouer dans son film, j’ai dit oui tout de suite, sans même lire le scénario. Je me suis dit que si vraiment je me suis trompé et que je suis incapable de jouer le rôle, je pourrais lui proposer pleins d’autres acteurs qui pourraient le jouer. Mais j’ai adoré ce personnage. Et Martin a fait un travail colossal pour écrire et réaliser son premier long métrage. C’est comme de soulever un montage que de faire un film au Québec. Et est-ce que je savais qu’il réussirait à faire ce premier film? Non, je ne le savais pas, mais je sais que Martin est sympathique, qu’il a du talent, qu’il a écrit le scénario, donc il était maitre de ce qu’il voulait dire. Mais en fait, oui, je le savais qu’il réussirait, car je le vois nous diriger sur les Parents à la télé et il est génial. Il réussit à diriger des enfants, et de grosses pointures comme Anne Dorval et Daniel Brière, alors… »

Que diriez-vous aux gens qui hésitent à aller voir ce film? « Dans ce film, il y a une naïve et belle histoire d’amour, de fraternité et d’héritage. Une belle histoire d’amour lumineuse et douce. C’est vraiment de cela qu’on a besoin ces temps-ci avec la panoplie de mauvaises nouvelles qu’on reçoit tous les jours. Il y a autre chose que les calamités, alors aussi bien aller voir un film qui fait du bien et nous permet d’avoir notre petit moment de bonheur. »

Questions pour le producteur Christian Larouche 

Toute l'équipe lors de l'avant-première, dont les producteurs : Caroline Héroux et Christian Larouche (à droite)
Toute l’équipe lors de l’avant-première, dont les producteurs : Caroline Héroux et Christian Larouche (à droite)

Pour quelle raison étiez-vous intéressé à produire le premier film de Martin Talbot? « En tant que producteur,  je reçois beaucoup de scénarios. Et d’habitude, je tourne les films que j’engendre, et que je décide des sujets dont je peux parler. Mais celui-là, je l’ai lu et je me suis dit qu’un film comme ça qui parle d’amour, qui fait du bien, on n’en fait pas souvent au Québec et c’est le genre de film que le vendredi soir, j’aurais le goût d’aller voir pour oublier mes problèmes de la semaine. Alors j’ai décidé d’embarquer pour le produire. Ensuite, j’ai vu les trois courts-métrages de Martin et j’ai compris son univers et j’ai vraiment eu le goût de le faire. » 

Cela concorde bien au genre de films que vous aimez produire je crois non? Sortir des sentiers battus et produire des genres de films qu’on fait peu, qui sont différents ? (Gerry, Louis Cyr, Pee-wee 3D) « Oui, j’aime me promener dans différents univers. J’aime explorer différentes choses. Par exemple, je viens de finir le tournage de Ricardo  trogi Mirage et là, je suis sur le tournage de la Chasse-Galerie, un film en 1880. J’aime me promener dans des sphères différentes. Et le but dans tout ça, c’est de séduire le public. »

Quand j’ai demandé à Martin Talbot, quel a été les défis pour lui sur ce film, il m’a dit qu’il n’y en a pas eu. Est-ce donc dire que comme producteur vous avez fait une bonne job pour lui permettre de faire le film qu’il voulait sans compromis? « Peut-être. Moi, mon défi, vu que c’était son premier film, c’était d’entourer Martin le plus possible, avec la meilleure équipe possible. Et il faut dire que c’était tout de même un film très complexe et ambitieux. Mais comme c’était bien préparé d’avance et que l’équipe était là pour supporter Martin, tout en lui laissant le champ libre pour créer le film qu’il avait en tête, ce ne fut que du bonheur sur le plateau. » 

Et les réactions du public sont bonnes jusqu’à maintenant ?« On a fait la fermeture du festival de Rouyn-Noranda.  On s’est fait tellement parler d’amour là-bas. Je ne m’attendais pas à autant. C’est sûr qu’on sort de la salle et on est heureux, mais là, on a reçu toute une bouffée d’amour et on a été très émus de cela. On a fait aussi du visionnement la semaine dernière, partout en région, pour inciter le bouche à oreille et les commentaires qu’on a reçus des gens c’est qu’ils ont été surpris par ce film. C’est émouvant, touchant et on ressort plus heureux. Un genre de film qu’on voit peu souvent en fait! »

Le film sort en salle dès  le 7 novembre prochain.

Pour la galerie de photos lors des entrevues : https://www.flickr.com/photos/infoculturephotos/sets/72157648715172340/

 

FICHE ARTISTIQUE

HENRI Victor Andrés Trelles Turgeon

HÉLÈNE Sophie Desmarais

M. BINOT Marcel Sabourin

MAURICE Michel Perron

ATTIL Kenneth Fernandez

VOISIN D’HENRI Jean-Pierre Bergeron

SOEUR MADELEINE Monique Spaziani

HENRI (12 ANS) Antoine Bujold

 

FICHE TECHNIQUE

RÉALISATEUR Martin Talbot

SCÉNARIO Martin Talbot

PRODUCTEURS Christian Larouche

Caroline Héroux

PRODUCTRICE EXÉCUTIVE Stéphanie Héroux

DIRECTEUR PHOTO Mathieu Laverdière

DIRECTRICE ARTISTIQUE Marie-Claude Gosselin

SON François Grenon

MONTEUR Arthur Tarnowski

COSTUMES Francesca Chamberland

DISTRIBUTEUR Les Films Christal (sous-distribution Les Films Séville)

Avec la participation financière de Téléfilm Canada, la SODEC, les crédits d’impôts du Québec et du Canada, Radio-Canada, Le fonds Québecor, Les Films Séville et  Les Films Christal.

www.henrihenri-lefilm.com

Crédit photos : Réjeanne Bouchard