Moby Dick Un déluge d’artistes talentueux a pris d’assaut la scène pour donner au public une soirée inoubliable!

Moby Dick
Moby Dick

Après avoir été joué au TNM à l’automne, voilà que la pièce Moby Dick est partie en tournée, dans le cadre des sorties du TNM, et s’est arrêtée hier à la Salle Albert Rousseau.  Un déluge d’artistes talentueux a pris d’assaut la scène pour donner au public une soirée inoubliable!

Dominic Champagne a révolutionné la mise en scène des grands récits mythiques avec L’Odyssée. Il nous revient avec l’œuvre qui a révélé à l’Amérique sa propre démesure, une grande fable épique aux péripéties inouïes. Car dans cette poursuite acharnée d’un terrifiant cachalot blanc, écrite par Herman Melville au milieu du 19e siècle, se joue l’affrontement fondateur du nouveau monde : le combat titanesque entre les forces de la nature et les obsessions humaines. 

Pour découvrir la vie et le monde, le jeune Ishmaël s’embarque sur le Péquod, un baleinier commandé par le redoutable capitaine Achab. À peine a-t-il le temps de faire connaissance avec l’équipage, venu de tous les coins du globe, qu’Achab annonce leur but ultime : ce ne sera pas une chasse à la baleine, mais plutôt la mise à mort du monstrueux Moby Dick, qui autrefois l’a estropié. 

Normand D'amour
Normand D’amour

Normand D’Amour, qui sait si puissamment incarner l’autorité et la force, sera le capitaine Achab, à la tête d’une impressionnante troupe de comédiens, d’acrobates et de musiciens qui vous emporteront sur toutes les mers du monde à bord d’un voilier maudit. 

C’est tout un programme ambitieux que celui de s’attaquer à Moby Dick en tant qu’œuvre théâtrale, musicale. Et le résultat est phénoménal!

Comme dans le roman, c’est un narrateur qui raconte l’histoire qui se déroule sur scène. Ce narrateur c’est le personnage d’Ishmaël joué avec force et brio par Steve Gagnon, méconnaissable.

Avant même que la pièce commence, à notre arrivée dans la salle, les artistes étaient déjà sur scène, à s’échauffer, s’étirer, faire des tractions. Car cette pièce, en plus de contenir des pages et des pages de monologues savamment écrits, demande un effort physique considérable de la part des acteurs. Des chamailles entre matelots, des cordages à attacher, une tempête à combattre, des baleines à dépecer, des noyades à recréer, et du harponnage à démontrer. Bref, c’est tout un exploit physique que ces hommes ont à déployer. Et ils le font à merveille pour captiver le public pendant près de 2 h 30.

Et comme si cela n’était pas assez, le public, en plus d’en avoir plein la vue des acrobaties, des chorégraphies physiques des matelots et plein les oreilles des discours et conversations animées, il y a en plus la musique qui ajoute à l’ambiance et surtout la voix aigüe et sublime de Frédérike Bédard qui donne vie à la baleine par son chant strident, ou ajoute de la féérie à cette pièce par ses effets sonores et son chant mélodieux.

Moby Dick
Moby Dick

Je ne vais pas passer sous silence la performance de plusieurs acteurs chevronnés.  Jean-François Casabonne dans la peau du harponneur sauvage, tatoué, que l’on dit avoir des tendances au cannibalisme, donne des frissons à le voir aller. Sylvain Marcel pour sa part, ne donne pas sa place, en sadique officier qui tyrannise ses matelots. On s’amuse à le haïr profondément.  David Savard dans le rôle de Starbuck est totalement à la hauteur pour incarner celui qui tentera de s’opposer au capitaine Achab, joué de manière plus grande que nature par Normand d’Amour. Les moments forts de cette pièce en matière de dialogue, surviennent lors des discussions animées entre ces deux maîtres à bord du bateau.

Et finalement, c’est le personnage du jeune idiot, Pip, interprété avec tellement de conviction par Mathieu Rchard, qui m’a impressionné le plus. Avec une scène de noyade au tout début de la pièce, puis ses apparitions sporadiques dans la pièce, alors que sans paroles, il se fait torturer et manipuler. Il est totalement génial.

Ajouter à tout cela quatre artistes de cirque : un  Guinéen Yamoussa Bangoura, le Suédois Gisle Henriet, Guillaume Saladin et l’Algérien d’origine Reda Guerinik) qui amènent des acrobaties à diverses scènes, un compositeur-chef d’orchestre avec ses musiques grisantes et mélancoliques (Ludovic Bonnier) ainsi qu’une mise en scène spectaculaire par Dominic Champagne, et vous avez une pièce puissante, bruyante, rugissante même, qui démontrera au final que la nature est plus forte que l’homme.

Au niveau de la mise en scène, je dois dire que les acrobaties, l’ingéniosité des scènes de noyades, de harponnage à partir des petits bateaux (recréés brillamment avec des barils et un système de sautoir d’acrobates) et même la manière dont le gros bateau pivote sur lui-même pour recréer la tempête, tout cela fait en sorte que le spectateur est captivé par ce qu’il voit, mais en même temps, il perd un peu de l’attention pour les magnifiques monologues, et le message qu’on désire lui passer.

2 h 30 incluant un entracte
Texte de Bryan Perro et Dominic Champagned’après l’œuvre d’Herman Melville
Mise en scène de Dominic Champagne
Avec Normand D’Amour, Yamoussa Bangoura, Frédérike Bédard, Vincent Bilodeau, Ludovic Bonnier, Jean-François Casabonne, Sylvain Delisle, Steve Gagnon, Tommy Gauthier, Reda Guerinik, Gisle Henriet, Sylvain Marcel, Mathieu Richard, Guillaume Saladin, David Savard

Band : Frédérike Bédard à la voix, Tommy Gauthier au violon et à la batterie, Sylvain Delisle à la guitare, Yamoussa Bangoura à la kora, autour du multi-instrumentiste Ludovic Bonnier.

http://sallealbertrousseau.com/

http://www.tnm.qc.ca/

Crédit photos : Courtoisie