Il pleuvait des oiseaux : un film touchant, empreint d’une grande humanité et d’une fine poésie

Andrée Lachapelle, Gilbert Sicotte et Rémy Girard Crédit photo : MK2 MILE END

La réalisatrice Louise Archambault signe un très beau film (d’après le roman de Jocelyne Saucier publié aux Éditions XYZ) qui parle d’amour, de complicité et de tendresse, le tout, campé dans une forêt plutôt aride, à l’abri de la cité bruyante. Andrée Lachapelle, Rémy Girard et Gilbert Sicotte livrent une solide performance d’acteurs dans ce film qui place la liberté au premier plan.

Il pleuvait des oiseaux nous plonge au milieu d’une forêt, où, au départ, trois hommes ont décidé d’aller vivre isolés, en marge de la société. Il y a Tom (Rémy Girard), un ancien chanteur country qui a ruiné sa carrière à cause de problèmes d’alcool ; Charlie (Gilbert Sicotte), un miraculé du cancer ; et Boychuck (Kenneth Welsh), un survivant d’un grand feu de forêt qui a eu lieu il y a plusieurs décennies.

Mais à la suite de la mort subite de Boychuck, la quiétude et la solitude de Tom et Charlie seront perturbées par la visite inattendue d’une jeune photographe (Ève Landry) qui souhaite en apprendre plus sur le passé de Boychuck et d’une femme octogénaire (Andrée Lachapelle) qui a été injustement internée pendant toute sa vie.

Une fresque magnifique et poétique

Il y a quelque chose de la peinture, du tableau, dans le film lumineux de Louise Archambault. À coups de magnifiques traits de pinceau (les plans de caméra qui mettent en valeur les sujets), de scènes touchantes et d’images grandioses d’une nature sublime, la réalisatrice trace les fins traits de la nature humaine. Ses personnages sont du côté de la vérité. Ils s’apprivoisent tout doucement, chacun laissant, finalement, à l’autre, le droit d’entrer dans sa vie.

Andrée Lachapelle et Gilbert Sicotte / Crédit photo : MK2 MILE END

La poésie est partout dans ce film, dans les regards lancés, dans la peur d’ouvrir son cœur à l’autre, dans les failles, les douleurs, les blessures des personnages, dans leur volonté d’exister, de mener la vie qu’ils désirent, qu’ils ont choisie. Cette volonté de vivre à l’écart, de voir des paysages, de vivre lentement, doucement, rythme le film tout entier.

L’une des grandes beautés du film est justement là, dans la vulnérabilité des personnages, dans leur singularité et leur abandon. On ne peut qu’être attendris, touchés, devant la valse des corps, corps vieillissants, non moins splendides, qui osent la rencontre, donnant lieu notamment à une scène d’une grande beauté, d’une profonde intimité qui bouleverse par sa douceur et sa splendeur. Ce film met en lumière le pouvoir de tendre la main à l’autre, de l’écouter. Voilà ce qu’on retient, entre autres choses, dans ce film.

La force de la lumière

Oui, il y a cet éclairage magnifique qui transcende la forêt et se tisse un chemin entre les branches, mais on ne peut s’empêcher d’être aussi bercés par cette lumière, cette ode à la vie qui nous habite et qui nous comble quand le film se dépose en nous.

Ce film parle de la vieillesse, de la mort, de l’amitié, de la beauté des liens qui se créent au fil des regards, quand on se met à l’écoute de la lumière de l’autre, de ses peines, de ses démons, de son chant de vie. Quand on s’arrête à écouter l’autre, malgré les années qui s’accumulent comme des lambeaux à nos vies. Il y a dans ce film de très beaux moments de silence, d’écoute et de compassion. La complicité entre les acteurs est palpable et c’est très beau à regarder.

Andrée Lachapelle, Gilbert Sicotte et Rémy Girard / 
Crédit photo : MK2 MILE END

Ce film donne envie d’aimer, à 20 ans, à 40 ans, à 60 ans, à 90 ans, de choisir notre destin, d’être ce qu’on a envie d’être. Ce film, ode à la vie, rempli de gestes et de regards d’une grande humanité est une grande réussite.

Le film est à l’affiche depuis le vendredi 13 septembre dans plusieurs salles au Québec. Il a été le film d’ouverture du Festival de cinéma de la ville de Québec, événement qui prend encore d’assaut le Vieux-Québec jusqu’au 21 septembre. Bon cinéma !