Un souffle venu de loin

 

 

 

alt

 

On ne pourra jamais avoir l’étendue des dommages qu’une guerre peut faire. On voit facilement les ruines matérielles mais qu’en est-il des nombreuses séquelles psychologiques? Lors de la dernière grande guerre mondiale, celle de 1939-1944, plusieurs atrocités ont été commises et les enfants n’ont pas été épargnés. Et c’est le cas de Mirka, qui s’est retrouvé dans une famille québécoise pour échapper aux dangers de ce conflit militaire.

 

« …comme l’a chanté Homère bien avant nous, la guerre ne finit pas avec la dernière bataille. Ses blessures perdurent longtemps après que le sang a séché, son odeur colle au corps. »

 

Tout au long du récit d’Estelle Beauchamp, Un souffle venu de loin, on retrouve cette petite Mirka qui vit dans une famille québécoise à son corps défendant. Sa mère ayant été elle-même victime des camps de concentration. La famille adoptive ne connaîtra sa vraie histoire qu’au moment de la mort de cette réfugiée. Elle-même aura de la difficulté à bien se connaître e à s’accepter.

 

En 1940, la guerre amène au Canada des enfants réfugiés. Mirka est ainsi accueillie, comme un petit oiseau farouche, par la famille Dumouchel. Marion a huit ans, Mirka en a sept. Arriveront-elles à s’apprivoiser mutuellement ?

Ainsi débute l’histoire fascinante d’une femme rétive et impétueuse qui, en composant avec son passé troublant, sa famille adoptive puis celle qu’elle fondera, avec ses aspirations et son tempérament, traversera au Canada les décennies de l’après-guerre à la fin du siècle. Mirka mettra toute une vie à découvrir, à assumer et enfin à partager les secrets douloureux de ses origines. Mais ce passé perdu et retrouvé ne sera plus oublié.

 

Ultimement, Mirka léguera à sa fille une mémoire et le devoir de la préserver. Ce roman promet le plaisir de lecture que recherchent les amateurs de sagas familiales, sans le foisonnement de l’intrigue que l’on associe à ce genre. Il évoque un milieu humain fascinant et peu connu, celui des Tsiganes dans l’Europe des années 30 et 40, leurs relations difficiles avec la société qui les entoure  et les persécutions dont ils furent victimes. En suivant le grand arc d’une vie, il fait vibrer une forte personnalité accablée, mais aussi animée, par ses antécédents personnels et culturels.

 

Dans le fond c’est un roman d’amour inconditionnel de parents adoptifs qui ne ménagent rien pour  le développement de la jeune Mirka.

 

L'auteure

 

Estelle Beauchamp signe ici son quatrième roman. Ses trois romans précédents, tous publiés chez Prise de parole, ont été bien accueillis par le public et la critique. Avec Les enfants de l’été, elle a remporté en 2004 le prix Émile-Ollivier ainsi qu’une place de finaliste du prix de la Ville d’Ottawa et du prix des lecteurs de Radio-Canada.

 

Nombre de pages : 211

Prix suggéré : 21,95 $

 

www.pdp.recf.ca