Chaque année en avril, je me sens toujours très fébrile, car en plus de l’arrivée du printemps, c’est le retour du salon International du livre de Québec du 9 au 13 avril en 2014. Au programme, on retrouve des activités pour toute la famille. Que ce soit des tables rondes, des rencontres et discussions d’auteurs, des spectacles pour les tout-petits, des ateliers et animation BD, des remises de prix et de bourses, des séances de signatures et rencontres mémorables avec nos auteurs préférés, le salon international du Livre de Québec est l’endroit rêvé pour aller à la rencontre des mots, à la découverte d’auteurs et à se laisser emporter dans l’univers des livres, pour s’instruire, se détendre, rigoler et même se laisser guider par ceux-ci.
Dans cet article, j’ai décidé de vous faire découvrir mes coups de cœur littéraire de la dernière année, et de vous faire connaitre ces auteurs un peu plus pour peut-être vous donner le goût de lire ce qu’ils nous ont concocté en 2013-2014. Puis dans mon deuxième article, je vous parle des nouveautés de cette année à venir, qui me font déjà saliver d’anticipation! Pour lire mon autre article sur le salon du livre et les nouveautés du printemps à ne pas manquer, veuillez cliquer sur ce lien :
Mes 6 coups de cœur de la dernière année :
Cette année, j’ai découvert de nouveaux auteurs qui m’ont charmé pour leur écriture, leur originalité, leur audace, leur extrême sensibilité. J’ai voulu les rencontrer pour qu’ils me parlent de leur expérience d’écriture et qu’ils me donnent un avant-goût de leurs prochains projets s’ils en ont.
Nouveaux auteurs pour moi :
Jean-Marie Lapointe Je ne t’oublierai pas
Jean-Marie Lapointe a transformé sa vie en donnant de l’importance à celle des autres. Dans ce livre, qui parle entre autres de l’accompagnement de personnes mourantes ou ayant une déficience intellectuelle, le comédien, animateur, producteur, musicien et conférencier a façonné son propre parcours spirituel et les valeurs profondément humaines qui guident désormais son existence. Son ouvrage Je ne t’oublierai pas dévoile une quinzaine de récits uniques et touchants de gens qui ont marqué l’auteur et qui sont parvenus à mettre son âme à nu.
Pourquoi était-ce important pour vous d’écrire ce livre? « J’avais envie de rendre hommage à des personnes qui m’avaient profondément touché, transformé ou inspiré. Pour beaucoup d’entre eux, c’était des enfants que j’avais accompagnés, ou qui avaient un handicap. En plus de leur rendre hommage, j’ai voulu rendre hommage à leurs parents, leurs proches, leur entourage. Et c’est très thérapeutique l’écriture. Et au final, je me suis aperçu que j’avais écrit sur ce qui avait du sens dans ma vie. Et donc, de rendre hommage, de me connecter sur la réalité de ces expériences-là, j’ai réalisé que j’ai été chanceux de vivre ces expériences. Donc, pour moi c’était important que je rende homme à mes héros silencieux. Ils méritent tant d’être valorisés, applaudis et célébrés. Malgré leur absence physique, ils demeurent présents autrement. »
J’imagine que vous avez dû avoir beaucoup de gens qui vous ont dit combien ce livre leur a fait du bien? « Oui c’est certain. Les gens me disent que c’est touchant, sans être lourd, ni triste. Donc, ce sont de beaux commentaires inspirants que l’on m’a faits. C’est sûr qu’on ne peut pas se réjouir de la mort d’un enfant. Par contre, ce que la personne laisse en héritage, alors là, ça, on peut l’applaudir, le chérir, le célébrer. Ça, c’est important. »
Voici mon appréciation de son livre : https://info-culture.biz/2014/02/08/je-ne-toublierai-pas-par-jean-marie-lapointe-une-belle-lecon-de-vie-et-message-despoir-pour-tous/
Samuel Champagne (La recrue et Garçon manqué)
J’ai découvert ce nouvel auteur, grâce à la collection jeunesse, Tabou. J’étais intrigué de savoir comment les thèmes de l’homosexualité et la transsexualité pouvaient être abordés et présentés aux jeunes. Et je dois dire que j’ai été agréablement surprise. Je me devais de rencontrer l’auteur pour en savoir plus.
Pour tes 2 premiers livres, tu parles de sujets assez difficiles à aborder, dans la collection Tabou : l’homosexualité et la transsexualité. Pourquoi voulais-tu aborder ces sujets dans tes premiers livres de fictions et surtout de le faire pour les jeunes? « D’abord, j’ai choisi la catégorie jeunesse, parce que j’ai fait mes études sur la jeunesse. En fait, j’ai fait ma maitrise sur la littérature jeunesse homosexuelle du Québec. Et aussi, parce que la littérature jeunesse, est comme un bon milieu entre les livres pour enfants où c’est surtout axé sur l’imagination et les livres pour adultes qui sont plus axés sur des thématiques plus assumées. Donc, la jeunesse c’est comme un endroit de transition… Pour ce qui est du sujet, j’ai voulu parler de ce que je connais. Je suis un transsexuel et je sors avec des gars, ce qui fait donc de moi un homosexuel. Donc, dans ces livres, on retrouve ce que moi j’aurais aimé retrouver quand j’étais plus jeune et que je cherchais un exemple à suivre quelque part, ou quelqu’un pour me comprendre. »
As-tu eu des réactions ou commentaires de jeunes pour qui tes livres ont fait du bien? « Oui beaucoup. Et cela a été très touchant. Je ne m’attendais pas à autant de commentaires. Entre autres, pour La recrue, j’ai eu beaucoup de commentaires de parents qui me disent mieux comprendre comment ça se passe pour leur garçon. Donc, il y a des jeunes qui ont acheté ce livre pour des membres de leur famille pour les aider à mieux comprendre leur réalité. »
Dans le cas de garçon Manqué, tu parles d’un sujet que tu connais bien, puisque tu es toi-même un transsexuel. Tu as choisi d’écrire une fiction, mais jusqu’à quel point est-ce que cette fiction ressemble ou non à ta réalité? « Ce qui me ressemble, c’est tout le côté émotion. Je suis parti des émotions que j’ai vécues, et des réactions de certaines personnes. Mais pour le reste, j’ai commencé ma transition après le secondaire (tandis que dans le livre c’est avant le début du secondaire que ça débute). Et pour ma part, je n’avais pas peur de la réaction de mes parents… J’ai donc fait des recherches sur les jeunes trans, pour en savoir davantage sur ce qu’ils ont vécu.»
Je suis allée voir ta page FB et tu as récemment fait changer tout tes papiers. J’imagine que cela doit être assez long et fastidieux à faire le tour comme ça ? Est-ce que tu prévois faire une suite à ton livre Garçon manqué, puisqu’il lui reste beaucoup de transformation à faire? « Oui, il est en cours d’écriture et il devrait peut-être sortir pour l’hiver prochain. Dans cette suite, on verra Éloi subir une opération et il va y avoir pour lui aussi les changements de nom avec les papiers, un peu comme moi maintenant, sauf que lui, ce sont ses parents qui feront les procédures. Ça va parler aussi de l’aspect relationnel, avoir un chum. Comment quelqu’un qui s’identifie comme un homosexuel peut désirer un autre homme, mais qui lui manque des morceaux. »
Voici mon appréciation de Garçon manqué :
Voici mon appréciation de La Recrue.
https://info-culture.biz/2013/11/28/recrue-de-samuel-champagne/
Mélanie Leblanc On fait l’amour, on fait la guerre
Cette fois-ci, c’est la structure de ce livre qui m’a d’abord attirée. Un livre version techno 2.0 qui stimule tous les sens ou presque.
Une structure narrative fort ingénieuse, contenant deux débuts et une seule fin, mais également, avec la possibilité d’écouter une trame sonore interactive, en balayant, avec son téléphone intelligent, les codes optiques QR intégrés dans le livre. Ce livre renferme aussi de multiples petits dessins, pour agrémenter les chapitres, ainsi que des post-its collés un peu partout dans le livre (en dessins bien sûr), en plus d’avoir les commentaires des personnages principaux (leurs pensées) mais aussi leurs interactions avec l’auteure, en notes de bas de page.
D’où vous est venue l’idée d’un tel livre, au-delà de l’histoire? « D’abord, mon premier métier, c’est de faire de la télévision. Je suis metteur en scène et directrice artistique et j’ai besoin de constamment me lancer des défis. Et après mon premier livre un peu plus traditionnel et classique Si tu t’appelles mélancolie, j’ai voulu me stimuler, me lancer un défi de faire les choses autrement pour le deuxième livre. Je voulais aborder ce livre sous l’angle masculin, mais j’ai aussi un lectorat très féminin. J’ai donc voulu écrire deux personnages (fille et gars) qui vivent en même temps les mêmes journées, mais que le lecteur puisse avoir les deux points de vue, du côté féminin et celui masculin. C’est donc comme ça qu’est venue l’idée des deux débuts d’histoires et deux couvertures. Et pour l’ajout de la musique, vu que j’ai travaillé sur des émissions comme Le Choc des générations, En direct de L’Univers, Belle et Bum, la musique fait partie de ma vie constamment. En écrivant, j’écoutais beaucoup de musique aussi, et je trouve que nos chanteurs québécois ont une plume super intéressante et ils ont des idées qui sont très riches. Et je ne voyais pas l’intérêt d’essayer de dire la même chose qu’un texte de chanson qui me parle, qui m’émeut. Donc, je trouvais cela important d’incorporer la musique (par le code optique QR) et les paroles, dans mon livre, pour que le lecteur puisse écouter la musique en même temps que mes personnages, s’il le veut. »
Quels sont les commentaires que vous avez reçus concernant ce livre nouveau genre?« Je suis très chanceuse, car les réponses sont vraiment super bonnes. Même si mon lectorat est surtout féminin, il y a beaucoup de gars qui ont lu mon livre. Ils l’ont volé à leur blonde sur leur table de chevet et j’aime bien cela. Les gens sont curieux et ce livre les amène un peu dans les coulisses de la télévision (puisque c’est ce que je fais dans la vie), et ils aiment bien ça, savoir comment ça se passe.»
Pensez-vous récidiver dans le même style? « Dans ce style-là, je ne le sais pas. Comme il faut que je me stimule quelque part, peut-être que j’aurais le goût de changer de lectorat pour le prochain livre. J’irais peut-être vers les adolescents. C’est un public que j’aime beaucoup. J’adore l’énergie qu’amènent les adolescents. »
Voici mon appréciation du livre de Mélanie Leblanc :
https://info-culture.biz/2013/11/19/on-fait-lamour-on-fait-la-guerre-de-melanie-leblanc/
Autres auteurs qui m’ont épaté cette année
Mélanie Fortin qui demeure dans Chaudière-Appalaches et qui a écrit son premier roman en 2011. Elle danse avec la folie qui parle de la schizophrénie de manière à démystifier cette maladie mentale, a publié à l’automne 2013, Dans de beaux draps en Italie, qui parle de voyage, d’amour, de passion et du désir d’accomplir ses rêves.
Après avoir écrit un premier livre sur un sujet que tu connaissais assez bien (la schizophrénie), Elle danse avec la folie tu t’es lancée dans l’écriture d’un roman d’amour et de passion cette fois-ci, pourquoi? « J’ai d’abord fait un rêve. Et bien que j’étais en train d’écrire un autre roman (qui sera mon troisième bientôt), quand je me suis réveillée le matin, j’ai pris des notes sur cette histoire qui se passe en Italie, même si je n’y étais jamais allé. J’ai continué à écrire mon autre roman, jusqu’à ce que cette histoire en Italie prenne de plus en plus de place en moi. Alors, j’ai mis l’autre livre de côté, et j’ai commencé à écrire celui-ci. Je suis même allée, 4 mois plus tard, en Italie sur un coup de tête, et j’ai visité 6 villes, dont 3 que je parle dans le livre. »
Et maintenant, ce troisième livre que tu avais déjà commencé, ce sera dans le même style? «Oui ce sera un peu dans le même style. Mais je ne peux pas en parler encore. Et je ne sais pas quand il va sortir non plus, car je travaille aussi sur un quatrième livre en même temps. Ce quatrième livre, lui, n’est pas du tout dans le même style que les autres. Il est plus intérieur. Il va aller explorer des zones plus sombres, mais il va être heureux quand même.»
Tu as de jeunes enfants, aurais-tu le goût un moment donné d’écrire un livre pour enfants? « Bien justement, j’ai un livre pour enfant qui va sortir à l’automne. L’histoire est terminée, et c’est maintenant l’illustrateur qui l’a en main pour le mettre en image. Et ce livre, dont je ne dévoilerai pas le titre encore, aura aussi une suite, que je suis en train d’écrire. Et j’ai même une idée pour un troisième livre pour enfant, qui serait complètement différent, et qui me vient à nouveau d’un rêve que j’ai fait… Je me rends compte que j’aime beaucoup écrire des livres pour enfants. C’est bien différent d’un roman. C’est un écrivain jeunesse connu qui m’a écrit et qui m’a conseillé d’écrire un conte pour enfants. Il était certain que je serais bonne pour faire cela. Et une fois que j’ai trouvé une idée, je me suis lancée. »
Et vos enfants sont-ils vos premiers lecteurs? «Oui c’est sûr. Je leur ai lu l’histoire, même sans les illustrations. Mon fils de 7 ans (qui est dans l’âge cible de mon conte), lui, a vraiment accroché. Il a éclaté de rire. Il attendait avec impatience la suite de l’histoire. C’est donc un bon test. »
Voici mon appréciation de son livre Dans de beaux draps en Italie : https://info-culture.biz/2013/10/16/dans-de-beaux-draps-en-italie/
Un autre livre qui m’a plu pour son originalité et qui sait attiser plusieurs de nos sens, c’est le coffret d’épices Les règles d’or des épices du couple de chasseurs d’épices Ethné et Philippe de Vienne
Voici mon entrevue que j’avais réalisée avec eux lors de la sortie du coffret : Pour lire et écouter mes entrevues avec Philippe et Ethné, veuillez cliquer sur ce lien : https://info-culture.biz/2013/12/11/entrevue-avec-ethne-et-philippe-de-vienne-chasseurs-depices-et-auteurs-du-coffret-les-regles-dor-des-epices/
Voici mon appréciation du Coffret d’épices : https://info-culture.biz/2013/12/09/le-tout-nouveau-coffret-les-regles-dor-des-epices-du-couple-de-chasseurs-depices-ethne-et-philippe-de-vienne-le-cadeau-ideal-pour-la-periode-des-fetes/
Et une mention spéciale pour le dernier livre d’Annie Quintin, au titre très attirant Cher Trou de cul, qui se veut un peu une suite au livre Désespéré s’abstenir. C’est un roman contemporain sur la recherche de l’amour et l’amitié à l’aube de la trentaine. Le premier volume parlait surtout des rencontres sur Internet, et le deuxième volet parle de la rupture amoureuse, et tout ce qu’amène une peine d’amour. Le tout, avec un humour que j’adore.
Je sais que vous travaillez à temps plein en enseignement, donc, vous écrivez à temps partiel. Êtes-vous en train d’écrire un autre livre en ce moment? Et si oui, que pouvez-vous me dire sur ce livre? «Oui je suis en train d’écrire un livre. Je suis rendu environ au tiers du livre, mais je ne peux pas vraiment en parler. Je peux juste dire ce que ce livre ne sera pas. Ce ne sera pas une suite des deux premiers. Donc, ce sera d’autres personnages. Cela ne parlera pas de rencontres sur internet non plus. Ce n’est pas non plus nécessairement une histoire de célibataires. Mais je peux dire que je vais alterner entre le point de vue masculin et féminin. »
Quel est ton rituel d’écriture? Que fais-tu pour te motiver à écrire? « Je n’en ai pas justement de rituel. C’est ça le problème, je pense. J’ai essayé de me motiver à écrire 500 mots par jour, avec une minuterie, mais je ne suis pas très disciplinée. Je pense que ma discipline passe tout à mon travail et à la fin de la journée, il ne me reste plus rien. »
Il y a plusieurs auteurs qui, un moment donné, se lancent dans d’autres styles d’écriture, comme des nouvelles, des livres pour enfants, des BDs. As-tu le goût un moment donné d’essayer un autre style, comme le roman pour enfant, puisque tu es justement enseignante aux jeunes enfants? « J’ai un projet de livre pour ados, peut-être enfant fin d’âge du primaire, début de l’adolescence. Mais il faudrait que je m’y mette pour le faire jusqu’au bout. Mais je n’oserais pas faire des albums ou romans pour les plus jeunes enfants, parce que je suis enseignante au primaire et que dans ma bibliographie il va y avoir le livre Cher Trou de Cul, donc je ne trouve pas cela très approprié… hihi Peut-être par contre en utilisant un pseudonyme haha!!»
Voici le lien vers mon appréciation de son livre Cher Trou de Cul : https://info-culture.biz/2013/06/02/cher-trou-de-cul/
Lien vers mon appréciation de Désespérés s’abstenir de Annie Quintin
https://info-culture.biz/2011/04/30/desesperes-sabstenir/
Le prochain Salon international du livre se tiendra du 8 au 12 avril 2014 au Centre des congrès de Québec.
Pour la galerie photo de Réjeanne Bouchard
https://www.flickr.com/photos/infoculturephotos/sets/72157643920155675/
Crédit Photos : Yannick Lepage, Lise Breton et Réjeanne Bouchard
