Entrevue avec les artisans du film La Bolduc, à l’affiche dès le 6 avril.

Debbie Lynch-White et la jeune Laurence Deschenes, et le réalisateur François Bouvier

Après avoir été présenté à Gatineau en ouverture de la 20e édition du Festival du Film de l’Outaouais (FFO), tout récemment, le film La Bolduc mettant en vedette Debbie Lynch-White, prend enfin l’affiche au cinéma le 6 avril prochain. J’ai rencontré le 28 mars dernier, le réalisateur François Bouvier, les comédiennes Debbie Lynch-White et la jeune Laurence Deschenes, qui m’ont parlé de leur expérience de tournage.

Mon appréciation du  film est disponible ici : https://info-culture.biz/2018/04/06/bolduc-debbie-lynch-white-sublime/

Synopsis : À Montréal, au début du XXe siècle, une mère de famille pauvre et sans éducation réussit à sortir sa famille de la misère en devenant une chanteuse folklorique au succès retentissant. Avec en arrière-plan la crise des années 20-30 et les premiers élans de la lutte pour les droits de la femme, le scénario retrace la vie de Mary Travers Bolduc, sa carrière fulgurante, son mariage difficile et sa relation touchante avec sa fille aînée, Denise, qui jouait du piano sur les disques de sa mère et rêvait de devenir actrice à Hollywood. 

Debbie Lynch-White

DEBBIE LYNCH-WHITE, comédienne Pourquoi vouliez-vous ce rôle autant que cela, au point de vous préparer pour une audition de 2 heures avec le réalisateur? cliquez pour savoir Pourquoi

Entre le moment où vous avez eu le rôle et le début du tournage, vous avez eu combien de temps pour vous préparer? « Quand j’ai su que j’avais le rôle, cela a pris deux ans avant qu’on commence à tourner. Pendant ces deux ans, j’ai commencé graduellement à apprivoiser le violon avec un ami. Ce n’est que durant les 6 derniers mois avant le tournage que c’est devenu plus sérieux, plus intense comme préparation globale.» 

Avez-vous rencontré de la famille, des gens qui l’ont côtoyé La dame Bolduc ?  «Oui, j’ai rencontré sa fille cadette Fernande, qui a 92 ans. Également, au musée de Newport, j’ai rencontré des gens du conseil d’administration qui sont de la famille à Nancy Travers, des descendants, cousins et cousines. Ils m’ont tous parlé d’elle. »

Durant le film, votre personnage passe de 19 à 46 ans. Comment c’était de vous voir vieillir ainsi, plus tôt que prévu? cliquez pour savoir le processus de vieillissement

Avez-vous des anecdotes de tournage? «Il y en a eu plusieurs. Mais à la base, ce dont je me souviens c’est le plaisir qu’on a eu à tourner ensemble. On a eu des fous rires mémorables. Je pense entre autres à cette scène, à minuit et demi environ le soir, après avoir tourné depuis 5 heures du matin une scène de spectacle toute la journée. On était tous vidés, au point d’avoir des rires hystériques, incontrôlables. Et alors qu’on devait arriver au Monument National par l’entrée des artistes, on a tellement eu le fou rire entre les scènes, moi et Bianca Gervais,  que je ne sais pas comment on a réussi à la tourner cette scène.» 

Cliquez pour une anecdote de tournage à Verdun

On regarde votre CV et on est épaté de voir votre cheminement. Vous avez été engagé par le chorégraphe Dave St-Pierre, en 2011, vous avec une grande palette de jeu avec des rôles comme IPL dans Unité 9 et maintenant La Bolduc, vous êtes devenue la cofondatrice du théâtre du grand cheval (TGC),  vous avez en 2017 tourné dans un premier long métrage en anglais, Happy Face. Aussi vous allez publier un livre et préparer un spectacle musical. Qu’est-ce qui vous motive vos choix dans votre carrière?  Et c’est quoi votre but dans la vie? Cliquez pour connaître sa motivation

Vous avez aussi un livre qui va sortir en septembre. chez Libre Expression. Pouvez-vous me parler de ce projet aussi? cliquez pour en savoir plus sur ce livre

Également, Debbie va présenter un premier spectacle musical de février à avril 2019 dans 10 villes du Québec. Intitulé Elle était une fois et comptant trois musiciens, le spectacle portera sur de grandes chansons d’auteurs féminines. 

François Bouvier

FRANÇOIS BOUVIER, réalisateur Ça fait longtemps qu’on en entend parler de ce film. Quand et comment est né ce projet? « On m’a proposé le projet, cela fait au moins 4 ou 5 ans. Mais avec le processus actuel au Québec, où l’on dépose le projet aux institutions, il faut s’attendre que ce soit long, vu le nombre de projets qui sont déposés. Et ce n’est qu’au troisième dépôt qu’il a été accepté. Ce projet m’a été proposé par André Rouleau, le producteur du film Paul à Québec, pendant que j’en faisais justement le tournage. Il m’a demandé si je voulais réaliser ce film sur La Bolduc, à partir du scénario de Frédéric Ouellet. Étonnamment, cela fait longtemps que je veux faire un film sur un personnage québécois emblématique. Et j’avais trois noms en tête au départ. Il y avait Maurice Richard, ainsi que Louis Cyr, mais tous deux ont eu des films plutôt récemment. Et il y avait La Bolduc, une femme exceptionnelle avec une destinée dramatique. Je ne connaissais que les grandes lignes de sa vie, mais elle m’attirait.  »

Comment s’est fait le choix de Debbie pour jouer La Bolduc ?  cliquez sur ce lien pour l’audition de Debbie

«Par la suite, pour le tournage, Debbie a suivi des cours de violon. Elle a été coaché par Marc Beaulieu le directeur musical, pour que cela puisse paraître qu’elle jouait, même si on n’a pas fait trop de gros plans sur les doigts, elle semble bien s’en tirer pour montrer qu’elle jouait. Et quand on tournait, le violon était muet, pour que Debbie puisse jouer, sans que cela ne vienne contaminer le son du préenregistrement. » 

Dans quelles circonstances doit-on préenregistrer des pièces musicales ou encore jouer les morceaux live ? cliquez sur ce lien pour en connaître plus sur les pièces musicales 

Il y a sûrement eu un défi énorme de faire ce film à plusieurs époques, de 1913 à 1946, avec l’évolution des costumes, des coiffures, des moyens de transport, etc. ? « Je dois féliciter à nouveau tous mes départements artistiques pour le travail accompli. Ils ont fait un travail titanesque. Par exemple les costumes. Debbie a un gabarit peu habituel. Alors, même si on peut aller dans des musées parfois ou costumiers où il y a des habits d’époque, on a dû faire les robes de Debbie sur mesure. Ensuite, on avait beaucoup de figurants et d’habitude, on leur demande d’amener leurs vêtements et on choisit. Mais là, ce n’était pas possible. Chacun devait être habillé, coiffé et tous ont un chapeau, homme ou femme. » continuez en cliquant sur ce lien pour les decors

Je remarque aussi qu’il y a eu beaucoup de recherche pour nous présenter comment on tournait des feuilletons radio à l’époque et comment on gravait des disques dans les années 20. Cela n’a pas dû être simple à reproduire? cliquez sur le lien pour la gravure de disque

Parlez-moi du choix des pièces musicales, car La Bolduc a écrit plus de 300 chansons. Sur quoi vous êtes-vous basé?  «On a choisi les chansons qui avaient un lien avec l’histoire qu’on racontait. Par exemple, la dernière chanson sur scène, une jeune fille à marier, arrive tout juste après la scène où Denise participe au concours MGM alors qu’elle est fiancée pour se marier bientôt. On cherchait donc des relations entre les chansons écrites et ce qu’on voyait à l’écran. Ainsi, il y a la chanson sur l’épicerie du coin qui est très importante dans le film. Donc, ce n’était pas un film pour retracer l’œuvre musicale, mais plutôt de raconter le parcours remarquable de cette femme, de sa relation avec sa fille Denise. Elles auraient pu être des sœurs au lieu d’être mère-fille. Et il a aussi la relation plus difficile avec son mari, à travers tout cela. Et en plus de raconter sa vie à elle, on en profite pour revisiter le contexte de l’époque, la crise économique, l’emprise du clergé, le début de l’émancipation des femmes avec Thérèse Casgrain qui milite pour le droit de vote des femmes. » 

Laurence Deschesnes

LAURENCE DESCHÊNES, comédienne De jouer dans le film La Bolduc, c’était comment pour toi de te retrouver dans un film d’époque? « C’était vraiment spécial. Les coiffures, le maquillage, les habits c’est complètement différent. Et les rues mêmes c’était différent. Même notre langage a été adapté. C’est un autre monde complètement. Et ce qui est drôle, c’est que pendant le tournage, moi, à l’école j’apprenais ce qu’était l’époque de La Bolduc. Alors, j’ai eu une chance de le vivre en plus de l’apprendre et de le lire. »

Tu joues du piano dans le film. Est-ce que toi, dans la vie, tu joues du piano? « Je n’en jouais pas de piano. J’ai toujours essayé d’en jouer, mais sans succès. Mais quand j’ai eu le rôle, j’ai appris les pièces et ensuite j’ai continué à jouer du piano. Par après, cela m’a donné le goût de la musique, et j’ai appris à jouer du ukulele et j’en joue depuis un an déjà.» 

Quel était ton grand défi dans ce film? Est-ce qu’il y a des scènes qui ont été plus difficiles à jouer? « Ce sont les scènes de piano. J’avais trois pièces à apprendre et on les a tournés dans un plan-séquence. Et on a fait ces scènes une après l’autre. Alors, c’était vraiment ça mon challenge. Mais au final, je suis très contente du résultat de ces scènes. » 

D’être dirigé par François, c’était comment? « C’était vraiment super. Il me disait vraiment ce dont il avait besoin. C’était clair, donc cela devenait facile pour moi de le faire. J’espère vraiment retravailler avec lui un jour, car j’aime son style clair, net et précis. » 

Tu as débuté dans ce métier à l’âge de 7 ans, donc c’est la moitié de ta vie déjà. Et en plus tu as fait de la nage synchronisée de compétition et as été championne au niveau provincial en 2014. C’est beaucoup pour une jeune fille de ton âge. Qu’est-ce qui t’a amené à ce métier d’actrice si jeune? cliquez sur le lien pour en savoir plus sur son début de carriere

Et qu’est-ce que le métier d’acteur t’a enseigné? « Faire ce métier, surtout au cinéma, cela m’a amené de la discipline, de l’organisation. Chaque journée de tournage je dois apprendre mes textes, faire mes recherches pour mon personnage, arriver prête sur le plateau. Donc, cela a développé beaucoup mon autonomie.» 

Galerie de photos lors des entrevues :

https://www.flickr.com/photos/133521308@N05/sets/72157694330873924

 

Distribution

MARY TRAVERS ( MME BOLDU C)  Debbie Lynch-White

ÉDOUARD BOLDUC  Émile Proulx-Cloutier

DENISE BOLDUC ( 1 6 – 2 4 A NS ) Rose-Marie Perreault

DENISE BOLDUC ( 1 1 – 1 4 A NS ) Laurence Deschênes

JULIETTE NEWTON Bianca Gervais

THÉRÈSE CASGRAIN Mylène Mackay

FRADETTE PÈRE Luc Senay

FRED CALVERT Yan England

ROMÉO BEAUDRY Serge Postigo

JEAN GRIMALDI  Paul Doucet

CONRAD GAUTHIER Germain Houde

ÉQUIPE Technique

François Bouvier Réalisateur

André Rouleau et Valérie d’Auteuil Producteurs

Brigitte Janson Productrice associée

Frédéric Ouellet Scénariste

Benjamin Alix Idée originale et collaboration au scénario

Ronald Plante Directeur de la photographie

Michel Arcand Monteur

Raymond Dupuis Directeur artistique

Mariane Carter Costumes

Marc Beaulieu / Tandem.Mu Musique originale

Lucie Robitaille Distribution des rôles

Jean-François Ferland Superviseur des effets spéciaux

Crédit photos : Réjeanne Bouchard