Mes coups coeur en lecture au Salon du livre de Québec

Marc Levy président d'honneur du Salon du livre de Québec
Marc Levy président d’honneur du Salon du livre de Québec

Le Salon international du livre 2013 qui se tient du 10 au 14 avril au centre des congrès de Québec a connu un achalandage des plus complets en ce samedi 13 avril. Et pour cause plusieurs auteurs de renommées étaient sur place pour des séances de dédicaces. C’était le cas de l’écrivain Marc Levy, président d’honneur cette année, que tout le monde voulait voir et entendre parler.

Pour ma part, j’en ai profité pour aller faire quelques entrevues avec les auteurs qui m’ont offert des coups de cœur depuis le dernier Salon du livre, avec leurs petits bijoux de livres qui m’ont séduite soit par leur originalité (la série L’Orphéon, par 5 auteurs différents), soit par leur plume très poétique et personnalité débordante (Man de Kim Thuy), soit par leur histoire inspirante (Les deux Saisons du Faubourg de Mylène Gilbert-Dumas), soit par leurs autobiographies émouvantes (Georges-Hébert Germain  Jadis, si je me souviens bien et Louise Forestier Forestier selon Louisepas d’choker, pas d’collier) ou encore par leur présentation surprenante et suggestive (livre de Ricardo La mijoteuse, de la lasagne à la crème brûlée).

 

Kim Thuy
Kim Thuy

Voici mon entrevue avec Kim Thuy 

Dans ce livre, Man, tu parles de diverses histoires, anecdotes de divers personnages ici et là. Où as-tu pris l’inspiration pour toutes ces histoires? Est-ce que ce n’est que pure fiction? ou des gens que tu as rencontrés? « Ce sont des personnages fictifs. Par exemple Hong, la chef du restaurant, c’est une combinaison de plusieurs femmes que je connais, et de situations qu’elles ont vécues. Et je les mélange ensemble, j’en prends des morceaux et je fais un portrait. Mais sinon, ce personnage n’existe pas en tant que tel, comme une personne. C’est la même chose avec le personnage de Julie, c’est une série de personnes que j’ai rencontrées dans ma vie et qui m’ont épaulé d’une façon ou d’une autre. Et à partir de là, j’en ai pris des couleurs de chacun. »

Comment connais-tu autant la vie de ces immigrants, ces Vietnamiens, leurs cultures, leurs légendes, alors que tu as habité ici au Québec depuis si longtemps?«C’est sûr que je fais partie de cette communauté et nous, depuis qu’on est arrivé au Québec, on a accueilli beaucoup de nouveaux arrivants vietnamiens. Ainsi, les premiers jours, où ils arrivent, ils n’ont pas d’endroit où rester, ni de travail. Alors, on les accueillait à la maison, car ils étaient des amis, des amis… On était comme un hôtel, mais gratuit. Et on les aidait à se trouver du travail, un logis. Donc, pour moi, c’était tout un univers, un réseau de personnes qui m’a permis au fil du temps à apprendre plein de choses sur eux, leurs cultures, comment ils vivent… »

Dans ce livre tu parles beaucoup de bouffe, de recettes de cuisine, d’ingrédients qui nous donnent l’eau à la bouche. Aurais-tu envie comme prochain défi de nous concocter un livre de recettes vietnamiennes?  « Il faudrait vraiment que j’en fasse un. Hihi! Mais mon idée derrière cela ce n’était pas de donner des recettes, mais plutôt de raconter l’histoire derrière les recettes.  Mais là, je pense que je vais devoir le faire ce livre de recettes, car tous les lectrices et lecteurs sont curieux et me demandent constamment les mesures pour faire ces recettes. »

Quelle est selon toi, la recette de ton succès comme écrivaine, alors que tu le dis toi-même, tu as échoué dans tes autres métiers avant? « Dans les autres métiers, je considère que j’ai eu beaucoup de chance quand même et je les ai menés à bien ces métiers quand même. Et si, à chaque fois, je réussis quand même ce que je fais, c’est grâce aux gens qui m’entourent. Avec ce livre, j’ai été porté vraiment, c’est grâce à mon mari qui m’a puni et m’a obligé à prendre du temps pour écrire, puis les lecteurs se sont emparés de mon livre et l’on fait connaître. En restauration, on a eu beaucoup de chance, les médias étaient là, nos clients étaient très fidèles. C’est la même chose pour le droit. J’ai eu la chance d’être porté par des grands. Mes deux patrons c’était Marc Lalonde l’ancien ministre et un des anciens présidents de la bourse de Montréal, André Saumier. Donc, j’ai appris énormément d’eux… Une lectrice m’a dit que j’avais le don d’identifier où se trouve la chance. Quand une chance (une opportunité) passe, je réalise que c’est une chance et je l’attrape. Je pense aussi que j’ai été préparé par ma mère à avoir tous les outils nécessaires pour pouvoir attraper les chances quand elles se présentent à moi. Donc, si la chance se présente sous la forme d’un poisson, alors il faut qu’on ait un filet. Mais si la chance se présente sous la forme d’un papillon, c’est un autre genre de filet qu’il nous faut. Et en plus, il faut savoir nager et savoir voler… Alors cela, c’est l’école qui m’a préparé à apprendre plus rapidement, afin d’être à la hauteur de la chance qui se présente à moi. Donc, en travaillant avec les meilleurs (comme mes employeurs en droit), avec le travail acharné et le fait d’apprendre rapidement, je réussissais à suivre et être à la hauteur.  »

Je sais que tu as un fils qui est autiste et ce sont des enfants extraordinaires, mais différents. Aurais-tu le goût un moment donné d’écrire un livre qui traiterait de ce sujet en partie? « Je pense que je l’aborde déjà ce sujet d’une certaine manière dans mes livres. Dans mon dernier livre, je l’aborde avec le personnage qui a appris le dictionnaire par cœur. Et dans mes deux autres livres aussi, j’en ai fait quelques références. Donc, il est présent partout, car sans mon fils, je n’aurais pas cette sensibilité-là. Je n’aurais pas vu les détails de la même manière… C’est sûr, que pour l’instant, mon fils est encore trop jeune pour que je puisse construire un personnage qui parle de lui. Je ne peux que construire des personnages autour de lui pour le moment. Donc, ce sujet n’est pas encore mûr dans ma tête. »

Voici le lien vers mon appréciation de son tout dernier livre Man.

https://info-culture.biz/2013/04/08/man-de-kim-thu/

Véronique Marcotte
Véronique Marcotte

Ensuite, j’ai rencontré les 5 auteurs qui ont pris part à l’aventure de l’Orphéon. Cinq auteurs, qui écrivent dans cinq styles différents, chacun un roman qui se passe sur un étage en particulier d’un édifice qui se nomme L’Orphéon.

Corax de Stéphane Dompierre, Odorama de Geneviève Jannelle, Crématorium circus de Roxanne Bouchard, Quinze minutes de Patrick Senécal, Coïts de Véronique Marcotte

Voici ce qu’ils avaient à dire sur leurs romans :

Qui est l’instigateur de cette aventure un peu loufoque et pourquoi vous avez dit oui à ce projet?

Geneviève Jannelle « L’idée vient de Véronique Marcotte et on peut dire qu’elle est très persuasive

Patrick Senécal «Moi, ce qui m’attirait dans ce projet c’est l’idée de travailler en équipe, alors qu’on ne fait jamais cela en écriture, ou du moins c’est très rare.Donc, c’était là un défi pour moi d’écrire seul mon histoire, mais de partager mes idées et mes personnages avec d’autres auteurs. »

Les autres ont tous affirmé que c’était l’attrait de travailler avec d’autres auteurs qui les ont incités à dire oui à ce projet.

Stéphane Dompierre
Stéphane Dompierre

Vous avez des étages différents, mais aussi des styles d’écriture différentes (style littéraire du roman burlesque avec Crématorium circus, sensuel avec Coït, style suspense avec Corax, conte allégorique pour Quinze minutes) pourquoi avez-vous décidé un style plutôt qu’un autre et est-ce un défi de plus d’avoir 5 styles complètements opposés?

Véronique : « Peut-être moins Geneviève, mais nous, les quatre autres, on s’est amusé à faire autre chose qu’on fait habituellement. Pourquoi? Peut-être que parce que tout à coup on est ailleurs? autant physiquement, intellectuellement et même littéralement chez un autre éditeur. Mais ce n’était pas une contrainte. Chacun a fait ce qu’il avait envie de faire. »

Étiez-vous au courant de chacune des histoires que chaque auteur écrivait, au fur et à mesure, ou bien vous l’avez découvert à la sortie de leur livre?

Geneviève « On s’est présenté nos histoires dès le début, soit les synopsis d’histoire et la bible des personnages. On se les partageait et chaque fois qu’on se rencontrait on se parlait un peu de ce qui se passait dans nos histoires respectives et surtout comment on utilisait les personnages des autres pour qu’on soit cohérent d’une histoire à l’autre. »

Patrick « Mais on ne s’est pas lu avant la fin. »

Patrick Senécal
Patrick Senécal

Dans crématorium Circus de Roxanne Bouchard on retrouve un passage (Page 130), où DJ Lampion, un personnage secondaire dans ce roman rencontre Johnny Net, le personnage principal du livre de Patrick Senécal Quinze Minutes (Page 108), et dans ces deux pages, on retrouve exactement la même scène, avec les mêmes dialogues, mais avec les réflexions d’un des deux personnages à la fois, selon qu’on est dans un livre ou dans l’autre. On a vraiment, à ce moment, une perspective différente de la même scène, dans deux romans différents.

Comment est venue cette idée?  Patrick « Dans ce cas précis, Roxanne et moi avons communiqué par courriel pour nous envoyer mutuellement nos scènes pour qu’on s’assure que nos personnages correspondent avec leurs psychologies. Mais elle a décrit son point de vue et moi j’ai décrit le mien. » 

Et pour terminer, pour ceux qui, comme moi, attendent impatiemment la parution du prochain tome de la série Malphas de Patrick Senécal, il m’a confirmé que le tome 3 arriverait en magasin au mois d’aout prochain.

Voici les liens vers mon appréciation des livres de ces auteurs prolifiques :

Corax de Stéphane Dompierre, le personnage principal est celui de Louis Corax, le propriétaire du bâtiment L’Orphéon et vit au cinquième étage.

https://info-culture.biz/2013/02/02/corax-de-la-serie-lorpheon-par-stephane-dompierre/

Odorama de Geneviève Jannelle, le personnage de Laurent est un as concepteur d’odeurs chez Odosenss, laboratoire de marketing olfactif situé au 3e étage.

https://info-culture.biz/2013/02/06/odorama-dans-la-serie-lorpheon-par-genevieve-jannelle/

Crématorium circus de Roxanne Bouchard a comme personnage central le propriétaire du crématorium Le Phénix, au quatrième étage de l’Orphéon.

https://info-culture.biz/2013/02/03/crematorium-circus-dans-la-serie-lorpheon-de-roxanne-bouchard/

Quinze minutes de Patrick Senécal s’intéresse à Johnny Net qui vend des concepts vidéo pour devenir une vedette sur YouTube, dans sa compagnie sise au 1er étage.

https://info-culture.biz/2013/01/25/quinze-minutes-lorpheon-de-patrick-senecal/

Tandis que Coïts de Véronique Marcotte a comme personnage principal Collard qui démarre son entreprise d’escorte de luxe dans un bordel qui ouvre de 9 h à 17 h, au 2e étage de l’Orphéon.

https://info-culture.biz/2013/01/28/coits-de-veronique-marcotte-dans-la-serie-lorpheon/

Patrick Senécal et sa série Malphas :

https://info-culture.biz/2011/10/31/malphas-le-cas-des-casiers-carnassiers/

https://info-culture.biz/2012/08/29/malphas-2-torture-luxure-et-lecture/

Mylène Gilbert-Dumas
Mylène Gilbert-Dumas

Mylène Gilbert-Dumas, une de mes auteures favorites,  vient tout juste de sortir son 3e tome de la série sur la lenteur : Les deux Saisons du Faubourg. Après L’escapade sans retour de Sophie Parent et Yukonnaise, ce troisième roman se déroule à Québec, dans le faubourg Saint-Jean-Baptiste, au début des années 90.

Dans ce livre Les deux Saisons du Faubourg, cela se passe à Québec, en 1992 et je sais qu’à cette époque que tu vivais dans ce quartier Saint-Jean-Baptiste. Est-ce à ce moment-là qu’est né l’histoire, ou si elle t’est venue par après, plus récemment? « Cette histoire est née bien avant cela. Elle est née en 1986, alors que je travaillais dans le quartier Saint-Roch, dans une petite boutique de tissu. Et il y avait une cliente qui venait à l’occasion avec sa petite fille. Elles ressemblaient à mes personnages d’Adélaïde et Marjolaine. La mère venait acheter du tissu pour se faire une robe et avec les retailles elle en faisait une pour sa fille aussi. Cette petite fille s’appelait Marjolaine justement. Cette image, la relation entre ces deux personnes m’est restée en tête. Et cela a mûri avec les années pour en arriver à ce livre. Même si l’histoire a été écrite récemment, j’ai vécu longtemps dans ce quartier et j’ai une très bonne mémoire et il m’est arrivé plein de choses pendant que je vivais là, alors c’est plus facile de m’en rappeler après.»

Dans ton livre à la page 213 tu écris : «  Comme tous les auteurs, en donnant un sens au monde à travers une histoire inventée, c’est sa propre histoire qu’elle essaie de comprendre… » Est-ce que c’est ta propre histoire que tu essaies de comprendre aussi? «Hahaha! En fait non, c’est la propre histoire de plein de femmes, mais dans ce cas-ci, c’est la partie de la peur que je trouve intéressante. Pour ma part, cela ne fait pas longtemps que je voyage toute seule, parce que j’ai grandi avec l’idée qu’une fille, ça ne voyage pas tout seul.  J’ai donc affronté ma propre peur la fois où je suis partie sur la route de Compostelle toute seule avec mon sac à dos. J’ai trouvé ça tellement le fun et surtout, pas si dangereux que cela. Donc, affronter ses peurs, cela a été une grande découverte pour moi et cela a transformé ma vie. Et c’est ce que j’ai voulu représenter avec Adélaïde. Cela lui en prend du courage pour réussir à passer par-dessus ses peurs et c’est cette lutte-là que je voulais faire faire à mon personnage. »

Tu as aussi un blogue fort intéressant. Qu’est-ce que tu y écris et dans quel but? Est-ce une façon pour toi de garder contact et interagir avec tes lectrices? « J’écris sur ce blogue avec Élisabeth Tremblay. Ce n’est pas de la fiction. On veut démystifier un peu le milieu de l’écriture, de l’écrivain. On a une image de ce que c’est d’être écrivain, mais la réalité n’est pas toujours ce que l’on croit. On y parle du quotidien des écrivains, la chance dans la carrière d’un écrivain… Cela nous permet de communiquer avec notre lectorat, mais aussi avec d’autres écrivains. Et c’est surprenant, mais on est lu en Russie, en Algérie, en Roumanie. »

Sur quoi travailles-tu présentement, maintenant que ta série sur la lenteur est terminée? « En fait, je suis en train d’écrire un autre livre, qui peut être considéré aussi comme un roman sur la lenteur. J’ai 40,000 mots d’écrits et il sera prêt l’an prochain. Et c’est dans le même genre que ces trois derniers livres. Et cela se passe… sur la route de Compostelle. » Mmmm! Intéressant!!

Voici le lien vers le blogue de Mylène (la doyenne) et son acolyte Élisabeth (la sorcière)

http://myleneetelisabeth.blogspot.ca/

Voici les liens vers mon appréciation des livres de cette auteure fort appréciée :

Les deux saisons du faubourg

https://info-culture.biz/2013/04/02/les-deux-saisons-du-faubourg/

Yukonnaise

https://info-culture.biz/2012/04/17/yukonnaise-mylene-gilbert-dumas/

L’escapade sans retour de Sophie Parent

https://info-culture.biz/2011/04/04/lescapade-sans-retour-de-sophie-parent/

Louise Forestier
Louise Forestier

Mes autres coups de cœur depuis le dernier Salon du livre ont attiré passablement de gens au Salon du Livre de Québec cette année pour une séance de dédicace.

On a pu voir cette grande dame de la chanson, dédicacer sa biographie, Forestier selon Louisepas d’choker, pas d’collier. Cette autobiographie devrait plutôt se qualifier d’autoportrait, où Louise Forestier se raconte en toute simplicité et authenticité.

https://info-culture.biz/2012/11/01/forestier-selon-louise/

 

 

 

 

 

 

Georges-Hébert Germain
Georges-Hébert Germain

Également, les gens faisaient la file devant le kiosque de Georges-Hébert Germain avec son tout nouveau livre Jadis, si je me souviens bien, une autobiographie émouvante, mais qui parle également des deuils que l’on doit faire en vieillissant. Magnifique!

https://info-culture.biz/2013/03/31/jadis-si-je-me-souviens-bien-de-georges-hebert-germain/

 

 

 

 

 

 

 

 

Ricardo Larrivée
Ricardo Larrivée

Finalement, Ricardo a fait venir les foules, dont même une dame est arrivée avec sa propre mijoteuse pour une dédicace! Surprenant! Moi qui pensais qu’on était limité dans le genre de recettes qu’on pouvait cuisiner avec une mijoteuse! Je suis agréablement surprise par ce tout récent livre de Ricardo La mijoteuse, de la lasagne à la crème brûlée. En 240 pages, Ricardo nous propose 65 recettes, de superbes photos appétissantes et en 6 chapitres, on apprend que l’on peut cuisiner des plats de tous les jours, même l’été. On apprend aussi qu’on peut cuisiner pour recevoir, autant des mets végétariens, des mets de cabane à sucre ou bien même des desserts!

https://info-culture.biz/2012/10/20/la-mijoteuse-de-la-lasagne-a-la-creme-brulee/

Le Salon du livre de Québec, c’est tout cela! Et plus encore!

Dimanche

14 avril 2013 : 9 h à 17 h 

Pour seulement 4 $, ce salon en vaut pleinement le déplacement. Pour plus d’informations sur le salon international du livre de Québec, visitez son site internet.

www.silq.ca

Crédit Photos : Yannick Lepage